22juin

Les Combattantes : interview de Valérie Adda, costumière

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Le travail remarquable de la costumière Valérie Adda, qui avait déjà œuvré sur "Le bazar de la charité" nous parle de son travail. Interview :

  • Comment devient-on costumière ?
    On suit des études de couture ou de dessin, afin de pouvoir mettre en avant nos idées et les retranscrire. On apprend également l’histoire du costume qui est incontournable, on se doit de connaitre l’époque de A à Z ainsi que la chronologie des changements de la mode sur une période donnée : la ligne du vêtement, les bijoux, corsets, accessoires, chapeaux ...  
    C’est aussi un métier de réseau et de rencontres qui nous plongent dans ce monde du cinéma et du théâtre. Je commence à travailler avec une personne, une équipe, qui fait à nouveau appel à moi sur un nouveau projet parce qu’ils ont apprécié mon travail, et que le courant est bien passé. Je me destinais à un métier de mode, mais mes rencontres en ont décidé autrement …
  • Comment travaille-t-on avec le réalisateur, l’équipe, pour incarner une époque ?
    Je fais des recherches sur l’époque, et je prépare des moodboards (tableaux d’inspiration) où y figure l’époque et ses détails par catégories de personnages (bourgeois, ouvriers, aristocrates, militaires, hommes, femmes, enfants) puis je réalise ses moodboards par personnage pour raconter en sus de l’histoire, le caractère du personnage qui reste le plus important à faire ressortir.
     
  • Qu’est-ce qui vous plait dans ce projet de série « Les combattantes » ?
    C’est d’abord un projet tellement diversifié, toute catégorie sociale est représentée, qui apporte une ouverture et rend ce projet vivant par cette effet miroir de la société de ce début de siècle. Ce qui est formidable dans l’écriture « des combattantes », c’est la modernité des personnages, tournée vers une libération contemporaine qui nous parle. C’est une époque où la femme sort de son foyer où elle est cantonnée pour s’émanciper. En l’absence des hommes partis au front, elles ont pris leur place pour faire tourner la France…
     
  • Quel est le projet le plus fou sur lequel vous avez travaillé ?
    Sur chaque projet je vais avoir des créations différentes, des défis à relever. L’envergure du projet était tel pour « Le bazar de la charité » ou encore « Les combattantes » pour lequel j’ai dû réaliser près de 1380 costumes et pas loin de 600 uniformes. On raconte vraiment une histoire, et pour une costumière c’est magique. C’est faire vivre des récits, permettre d’incarner des héros ou héroïnes à travers leurs costumes, et à l’image.
     
  • Le bonheur de ce métier ?
    Mon bonheur c’est raconter des histoires qui parleront aux gens à travers mes costumes.  C’est beaucoup plus amusant pour moi d’imaginer comment un personnage s’habillerait dans un scénario, plutôt que créer un vêtement de mode, car j’aime raconter. Chaque caractère s’habille en fonction de l’histoire et c’est cela qui me passionne, et me fait rêver ; cette recherche qui transparaitra dans le vêtement porté par le personnage. Cela passe par les matières, les couleurs, les tableaux que j’ai envie de réaliser.
    La difficulté de ce métier ?

    Le temps de préparation et le budget. Tout est possible dans ce métier, je cherche toujours à me remettre en question, et à proposer des choses créatives ; je n’ai pas du tout envie de recycler des idées sur lesquelles j’ai pu travailler auparavant. Je renouvelle mon parti- pris, et j’invente aussi ; c’est toujours du plaisir ; la difficulté reste le temps et le budget à respecter ; il faut être capable de rebondir en quelques minutes !
     
  • Une anecdote à partager ?
    J’ai travaillé il y a quelques années sur un téléfilm de 1890 qui racontait l’histoire des geleurs de l’époque qui vendaient la glace. Je devais habiller un couple de grand bourgeois, dans un seul décor intérieur. J’avais mis en réalisation une belle robe bordeaux pour ma comédienne, blonde au teint pâle, et c’était très joli. Cela nécessitait un important travail. Malheureusement le décor initial est tombé à l’eau et l’équipe a dû partir au débotté à la recherche d’un nouveau décor. Je découvre sur place que dans ce nouveau décor, des tentures, au fauteuil, au canapé, tout était bordeaux ! la seule façon de m’en sortir a été de faire porter à l’époux un peignoir d’intérieur bordeaux, à la place de son costume 3 pièces ! je me suis dit « là, je joue le décor à fond ! » et c’était très beau, et j’étais vraiment heureuse devant ce tableau très esthétique, au final …

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