Avec la rubrique « Les rendez-vous du MUDAAC », Vosges Mag vous invite à découvrir à distance une des œuvres présentées au musée départemental d’art ancien et contemporain (MUDAAC) à Epinal, cette semaine zoom sur Charles Wittmann.

Fils d’Ernest Wittmann, peintre et sculpteur, Charles Wittmann intègre l’École des Beaux-Arts de Paris en 1894. Il y suit notamment l’enseignement d’Eugène Carrière et de Gustave Moreau. Installé à Paris pendant 18 ans, il fait de la rue parisienne l’un de ses sujets de prédilection et décline, de la fin du XIXe siècle à 1914, les scènes animées et l’effervescence des boulevards, places, marchés ou fêtes de la capitale, à l’architecture réinventée sous le Second Empire par le baron Haussman.

Dans la lignée du courant impressionniste et inspirée des vues parisiennes de Camille Pissaro, cette scène que l’on suppose peinte d’une fenêtre, nous offre une vue plongeante sur un boulevard parisien « grouillant » d’activités, à une époque durant laquelle les distanciations sociales étaient étrangères à la population et la seule protection de bon ton était le parapluie !

Les silhouettes de la foule sont esquissées par touches verticales et diagonales provoquant l’impression d’agitation, sans doute causée par volonté d’éviter la pluie. Le va et vient des calèches renforce le sentiment de mouvement. Si la grisaille d’un temps d’automne est traduite par les couleurs ternes des vêtements des passants et le dénuement des arbres, Wittman intègre pourtant la lumière dans sa composition avec les reflets sur le sol humide. Bien que peu présente, la couleur des affiches des kiosques à journaux renforce la luminosité de l’ensemble.

Ce tableau a été donné au MUDAAC en 1963 par Jacqueline Corbin, fille d’Eugène Corbin, célèbre collectionneur et mécène de l’École de Nancy.

© MUDAAC - Épinal, cliché Claude Philippot

Charles WITTMANN Rupt-sur-Moselle, 1876 – Besançon, 1953

Tableau : Les Boulevards de Paris - 1902 - Peinture à l’huile sur toile