Quand Abram Krol quitte la Pologne en 1938 pour étudier l’ingénierie à Caen, rien ne laisse présager qu’il deviendra un artiste reconnu. Il est jeune, ambitieux, et les sciences semblent tracer son avenir. Mais la guerre éclate, et avec elle, les certitudes s’effondrent.
Engagé dans la Légion étrangère, Krol est bientôt démobilisé. Il trouve refuge en Zone Libre, à Avignon, où il accepte un travail harassant dans un garage, nettoyant les gazogènes. C’est dans cette routine étouffante qu germe une envie de changement. Un ébéniste lui parle des cours du dimanche à l’École des Beaux-Arts. Krol s’y rend, presque par curiosité. Il y découvre la sculpture, la peinture… et une passion qui ne le quittera plus.
Mais le destin, une fois encore, le met à l’épreuve. Lors de l’occupation de la Zone Libre, ses origines juives le rendent particulièrement vulnérable. Il échappe de peu à une rafle et parvient à rejoindre Paris en 1944, sous une fausse identité. Plus tard, il apprendra que ses parents, restés en Pologne, ont été exterminés par les Nazis.
À Paris, Krol fait une rencontre décisive : celle du graveur Joseph Hecht. L’artiste lui enseigne le burin, mais aussi la rigueur, la sobriété du trait. Krol s’approprie ces techniques, les transforme, les combine à l’aquatinte en couleurs pour créer un univers graphique singulier, à la fois puissant et poétique.
Pour aller plus loin :http://krol-abram.fr
Mudaac
Œuvre en lumière :
Abram Krol, « Les Toits de Paris », 1953, huile sur toile
© FNAC 23506 / Dépôt du Centre national des arts plastiques – ministère de la Culture et de la Communication.
Photo : Claude Philippot. Droits réservés